Étymologie : origine des patronymes Gouyé, Haldric, Ramoin, Sandoz et Sautrel
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Origine de votre nom

Pierre-Gabriel Gonzales, journaliste, spécialiste reconnu de l’étymologie patronymique française et auteur de plusieurs ouvrages de référence en la matière, révèle chaque mois à nos abonnés l’origine et la signification de cinq noms de famille.
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Gouye
Ancien surnom donné à un homme qui utilisait souvent un outil de forme particulière. D’après l’ancien français “go(u)i”, “goiard” et l’occitan “goui” : “couteau à lame courbe”, issu du latin “gubia” : “instrument tranchant” comme dans cet extrait d’un texte ancien : “Goiart est une sarpette emmanchee au bout d’ung hampe pour copper a deux mains buissons et branches d’armes...” A la fin du XIXe siècle, le Grand Dictionnaire Larousse cite encore “goué” : “grosse serpe de bûcheron” et “goyard” : “outil à tailler les branches mortes”. L’autre sens de
l’occitan “goi” : “boiteux”, a pu également donner quelques surnoms devenus noms de famille. D’ailleurs en langage populaire du Midi, on dit encore “goy” pour évoquer quelqu’un ou quelque chose de “bancal”. Signalons deux lieux-dits de ce nom «Gouye», «La Gouye», sur les communes de Saint-Jean-de-Muzols et de Lamastre en Ardèche. Fréquence et localisation : le patronyme Gouye, assez rare en France est porté par cent foyers implantés en majorité en Basse-Normandie, notamment dans le département du Calvados. Selon toute apparence, ce nom de famille serait monophylétique*.
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Haldric
Les imprécisions qui règnent sur les patronymes issus de vieux surnoms germaniques laissent toujours planer une large part de mystère sur leurs véritables origines. Cette énigme est d’autant plus grande que nous sommes en présence de dénominations qui nous font remonter quinze siècles en arrière. Souvenons-nous de la chute de l’Empire Romain, au milieu du Premier millénaire. A cette époque, les chefs de guerre germaniques portaient des noms composés. Par exemple, Ald-ric (composé de «alle» : «tout» et de «ric» : «puissant»). Ce surnom originel avait donc un sens symbolique qui s’est perdu au fil du temps quand il fut adopté
par les familles gallo-romaines. La christianisation aidant, il est devenu un nom de baptême sous la forme latinisée «Hald-ricus». A partir du XIIIe siècle, ce nom de baptême s’est transformé à son tour en patronyme héréditaire, c’est-à-dire transmis par le père de génération en génération, sous la forme lorraine rare Haldric, alors que dans le sud de la France, nous trouvons la forme plus répandue Alric. Fréquence et localisation : le patronyme Haldric est porté en France par vingt-cinq foyers implantés en majorité en Lorraine et notamment dans les départements de Meurthe-et-Moselle et de la Meuse. Selon toute apparence, ce
nom
de famille serait monophylétique*.
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Ramoin
Nous pourrions être en présence d’une forme provençale du nom de baptême popularisé par saint Raymond - Ramo(i)n - dont le nom est lui-même issu de la vieille forme germanique «Ragin-mund» (composée de «ragin» : «conseil» et de «mund» : «célèbre»). Plusieurs saints hommes portèrent ce nom de baptême, notamment Raymond de Capoue (XIVe siècle), maître général des Dominicains dont le souvenir reste lié à celui de Catherine de Sienne. D’autre part, un surnom évoquant un domaine fortement boisé, «branchu», pourrait également expliquer l’origine de ce nom de famille, de
l’ancien occitan «ramel» et de l’ancien français «raim» : «rameau», «branche».
Á noter également le sens de "fête" en ancien français, par évocation du dimanche «des Rameaux» qui vit l’entrée du Christ dans Jérusalem sous des arches de palmes et de branches d’oliviers, comme dans cet extrait d’un texte ancien : "Le roy de France fut avec le pape et les cardinaux, je ne say quants jours en joye, en ramelz (réjouissances) et en esbatemens...". Fréquence et localisation : le patronyme Ramoin, assez rare en France est porté par
soixante-dix foyers implantés en majorité en région Provence-Alpes-Côte-d’Azur et notamment dans le département des Alpes-Maritimes, l’ancien Comté de Nice. Selon toute apparence, ce nom de famille serait monophylétique*.
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Sandoz
Cette forme du vieux nom germanique «Sand-wald» (composée des racines «sanths» : «vrai», «juste» et «waldan» : «gouverner») trouve son origine aux premiers siècles de notre ère dans l’ancien surnom d’un chef de guerre. Autre piste, un nom de lieu-dit d’origine caractérisé par la présence de sable, de l’allemand «sand» qui désignait cette matière pulvérulente formée de petits grains minéraux. Le nom de famille Sandoz, très présent de nos jours dans le canton de Neuchâtel en Suisse, semble venu très naturellement de la Franche-Comté toute proche. Notons l’existence
de formes composées comme Sandoz-dit-Bragard, Sandoz-Othenin, Sandoz-Otheneret, etc. Le patronyme Sandoz est également devenu le nom d’une marque mondialement connue dans le domaine de la santé (entreprise fondée en 1886 à Bâle par Alfred Kern et Edouard Sandoz). Il est aussi renommé dans le domaine de l’art grâce à Marcel-Édouard Sandoz, sculpteur et aquarelliste d’origine suisse (1881-1971). Fréquence et localisation : le patronyme Sandoz, peu fréquent en France, est porté par quatre cents foyers implantés en majorité en Franche-Comté, notamment dans le département du Doubs, avec un pic de naissances à Montandon dans ce même
département à la fin du XIXe siècle. Cette forme patronymique doit être considérée comme polyphylétique
. Dans ce cas précis, nous prenons également en compte les foyers présents en Suisse...
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Sautrel
Avec ce patronyme, intéressons-nous à quelques anciens surnoms donnés à des personnes qui pouvaient présenter certaines caractéristiques de la sauterelle. Mais lesquelles ? Faut-il y voir l’ancienne dénomination d’un enfant vif et agile ou le surnom d’une personne au tempérament "primesautier" ou encore un sobriquet évoquant un individu très maigre en rapport avec les pattes grêles de l’animal ? Il est difficile de le dire aujourd’hui, longtemps après la formation de ces surnoms. Seule certitude, nous sommes en présence de l’ancien français "sauterel" : "insecte sauteur", "sauterelle", comme dans cet extrait d’un texte ancien : "Quant
l’alamand(i)er flourira, la sauterel sera engressié..." (XVIe siècle). Nota : au Moyen âge, dans certaines provinces du nord et de centre de la France, on appelait "sauteriaus" de joyeux compagnons "attachés à quelque confrérie et chargés de divertir par leurs cabrioles..." De là des possibles surnoms de saltimbanques devenus noms de famille... Fréquence et localisation : le patronyme Sautrel est porté par trente-cinq foyers en France dont vingt sont installés en Haute-Normandie. Selon toute apparence, ce nom de famille serait monophylétique*.
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* monophylétique : du grec "mono", "seul" et de "phylum", "race", "tribu"c’est-à-dire venu d’un ancêtre commun. Cette notion s’applique en généalogie à un nom de famille issu d’un seul individu, à souche unique. Les porteurs de ce patronyme ont donc toutes les chances d’être "cousins", d’avoir un ancêtre commun dans la ligne agnatique, c’est-à-dire dans celle du nom transmis par les pères.
polyphylétique : du grec "poly", "plusieurs" et de "phylum", "race", "tribu". Cette forme patronymique s’est développée au travers des siècles à partir de plusieurs souches distinctes. C’est le cas de la majeure partie des patronymes qui comptent plus de cinq cents foyers en France de nos jours.
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